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5 femmes qui ont joué un rôle important dans la science botanique

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En cette journée internationale des droits de la femme, et parce qu’ici on parle principalement de plantes, nous avons fait quelques recherches pour dénicher 5 femmes botanistes qui ont participé à l’histoire de la botanique entre le XVIIIe et le XXe siècle. À l’époque, la science n’était pas à la portée des femmes, et pourtant, certaines ont réussi à se faire une place dans la science botanique. Partons à leur rencontre.

La place difficile des femmes dans la science botanique

Faisons un retour de plusieurs siècles en arrière. Au XIXe siècle, la botanique était encore une science exclusivement pratiquée par les hommes. Ces derniers décident de ne plus en garder le monopole et ont laissé les femmes s’instruire dans ce champ. Enfin, pas totalement.

En réalité, si les femmes n’ont pu accéder que partiellement à ce savoir, c’est parce que les hommes le considérait comme “une science simple et accessible à l’esprit féminin” (sympa les gars). 

Pour autant, l’accès à ce savoir était très censuré. Les ouvrages domestiques étaient limités en matière d’information scientifique : peu de détails, pas de nom en latin, etc. Ces livres restaient principalement qu’une introduction sommaire. L’objectif ? Éviter que les femmes ne puissent développer leur curiosité scientifique et pour ainsi dire, leur autonomie ! Pour autant, beaucoup de femmes ont cassé les codes pour bousculer les sociétés savantes et participer à de grandes recherches.

Largement sous-représentées et mal-considérées à l’époque, ces femmes ont été effacées de la mémoire académique par leurs homologues masculins (merci le patriarcat). Heureusement, elles sont enfin reconnues pour leur travail et elles occupent une place de plus en plus importante dans la botanique. Étonnamment, dans le secteur de l’horticulture, elles ne représentaient encore que 26% des exploitations horticoles en 2021. Le chemin est encore long !

En ce 8 mars, on voulait vous proposer un article pour marquer l’occasion de cette journée internationale des droits de la femme, version #plantaddict. Découvrez notre sélection de botanistes féminines incroyables !

Jeanne Barret (1740-1807), la botaniste globe-trotteuse avant l’heure

En se faisant passer pour un valet, Jeanne est la première femme à faire le tour du Monde aux côtés du botaniste Philibert Commerson (aussi complice de la supercherie). Au cours de l’expédition Bougainville commanditée par Louis XV, ils vont explorer la flore des continents du monde. À eux deux, ils vont récolter et inventorier des échantillons dans des herbiers. Au total, plus de 5 000 espèces sont récoltées, répertoriées, échantillonnées en herbier et ramenées en France.

Commerson lui rendra hommage en nommant après elle une plante au caractère sexuel difficilement identifiable, la Baretia Bonnafida (il avait de l’humour Philibert). Malheureusement, la plante ne gardera que temporairement ce nom.

En dépit de son travail réalisé avec Philibert et de son statut de botaniste, les sociétés savantes ne retiendront que Philibert Commerson. Elle sera enfin reconnue pour ses mérites en 1776, par le roi Louis XVI.

Le saviez-vous ?

200 ans après sa mort, la Solanum baritae est nommée en son honneur, ainsi que des rues en France, une chaîne de montagnes sur Pluton ou encore des timbres de poste !

Amelia Griffiths (1768-1858), une femme botaniste spécialisée dans les algues marines

Amelia Warren Griffiths
Griffithsia setacea Amelia Warren Griffiths

Botaniste et phycologue (la phycologie est l’étude des algues), Amélia Griffiths est devenue célèbre pour ses travaux de recherches et de collectes d’algues marines. 

Alors qu’elle est veuve et doit élever cinq enfants seule, Amélia se met à étudier la botanique marine. Elle échangera ses découvertes avec de nombreux botanistes européens. 

Elle est citée dans un bon nombre d’ouvrages, dont les mémoires de William H. Harvey qui félicite la minutie de son travail.

Elle avait le don le plus heureux de trouver les plantes les plus rares, dans le plus parfait état

William Henry Harvey

Encore de son vivant, des scientifiques ont nommé des espèces d’algues en son honneur. La Fucus griffithsiae, par Dawson Turner (1808) et les algues rouges Griffithsia, par Carl Adolph Agardh (1817). Une belle preuve de reconnaissance de son travail pour la science !

Anna Atkins (1799-1871), une femme pionnière du cyanotype botanique 

Cyanotipe Anna Atkins
Algue Brune Dictyota dichotome, Anna Atkins
Portrait d'Anna Atkins en 1861
Anna Atkins, 1861

Anna Atkins est la fille de John G. Children, un naturaliste célèbre et membre de la Royal Society de Londres. Elle a reçu une éducation scientifique exceptionnelle pour l’époque.

À ses débuts, elle était passionnée et reconnue pour ses talents en illustration botanique. Elle a réalisé plus de 250 gravures qui illustrent des ouvrages sur les mollusques. Après son mariage, elle se spécialise davantage dans la biologie. Elle produira ses premiers herbiers et sera même membre de la Société botanique de Londres (une des rares sociétés savantes ouvertes aux femmes).

Alors qu’elle développe un intérêt pour les algues et qu’elle s’intéresse aux travaux de grands pionniers de la photographie, elle publie à son tour son œuvre “British Algae : Cyanotype Impression”. Cet ouvrage est le premier à utiliser la technique du cyanotype. Cette oeuvre fera d’Anna Atkins une des premières femmes à pratiquer cette technique. Elle en publiera d’autres plus tard, dont un sur les fougères. 

Grâce à ses illustrations d’ouvrages imprimés, Anna est encore considérée comme pionnière en matière de photographie. 

Le saviez-vous ?

Vous pouvez voir les célèbres herbiers d’Anna Atkins au British Museum a qui elle les a légués en 1865. 

Agnès Arber (1879-1960), une femme botaniste persévérante face au patriarcat

S’il y a bien un mot qui résume bien le parcours d’Agnès : la tenacité. Malheureusement, son parcours scientifique était souvent pavé d’embûches. Malgré tout, elle a tenu tête au patriarcat scientifique pour se faire une place dans le domaine de la science botanique.

Commençons à l’Université de Cambridge. Elle étudie y la botanique et se spécialise sur la morphologie des plantes… Sans en obtenir de diplôme, puisque l’établissement refuse de les délivrer aux femmes. Elle devra y retourner en 1905 pour valider ses années et obtenir enfin son doctorat. 

Après qu’on lui refuse l’accès au laboratoire de l’École Botanique, elle ne baisse pas les bras. Elle poursuivra même ses recherches, chez elle (avec ses enfants à élever) !

Ses travaux ont permis de développer la recherche autour de la morphologie des plantes au XXe siècle. Elle n’a pas été exemptée des critiques pour certaines de ses publications. On lui reproche notamment de “dénigrer la théorie de l’évolution”. Alors qu’elle ne fait que suggérer que la théorie de la sélection naturelle est insuffisante pour justifier la diversité de la flore.

Le saviez-vous ?

Agnès Arber a publié plus de 226 publications durant sa carrière. 

Agnès a fini par être enfin reconnue pour ses travaux. À ses 67 ans, elle devient la première femme botaniste membre de la Royal Society. Trois ans plus tard, elle recevra la médaille d’or de la Linnean Socety of London pour ses travaux et ses contributions.

Baisser les bras ? Elle ne connaît pas cette expression, et on peut l’admirer pour cette telle persévérance. 

Johanna Westerdijk (1883 – 1961), une femme pionnière en pathologie végétale 

Johanna Westerdijk

Issue d’un milieu scientifique de la haute société, Johanna a reçu une éducation qui a encouragé son chemin vers l’étude de la biologie et de la botanique… Jusqu’à en faire un doctorat !

Sa passion ? La phytopathologie. Et plus particulièrement les maladies des arbres et des plantes pour comprendre comment les contrôler.

Sa carrière est admirable. Alors âgée de 23 ans, elle obtient un poste de direction dans un laboratoire de phytopathologie aux Pays-Bas. 

Elle travaillera notamment au profit de l’association internationale des botanistes. Elle conservera et enrichira une grande collection de champignons pour cette association. En 1913, Johanna devient la première femme à recevoir une subvention du Fonds Buitenzorg. Cette subvention servira à financer la collecte et la culture des échantillons de champignons. 

Le saviez-vous ?

La phytopathologie (ou pathologie végétale) consiste à étudier les maladies des plantes cultivées.

Dix ans après l’obtention de son doctorat, elle devient la première professeure agrégée de phytopathologie des Pays-Bas, à l’université d’Utrecht. Elle supervisera près de 60 étudiants en thèse, publiera 70 publications, co-fondera l’association des femmes diplômées d’université néerlandaise…

Véritable rockstar de la botanique et féministe, Johanna est devenue une grande référence pour les étudiants et plus particulièrement les femmes. 

Le saviez-vous ? Elle a inauguré la célèbre tradition de l’université d’Utrecht où les doctorants et leurs maîtres de thèse plantent un arbre dans le jardin de l’université. 

Sources

Écrit par

Philodendrey

Collectionneuse de plantes et de chats, j'ai progressivement transformé ma maison en petite jungle.


Commentaires (2)

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  • Helene - 09/03/2023

    Merci pour cet article, c’est vraiment passionnant de voir l’énergie et la persévérance de ces femmes 😍💪

    • Philodendrey | Les Pothos - 09/03/2023

      hello Hélène ! Merci beaucoup pour ton commentaire, je suis ravie que ces supers femmes t’inspirent également 🧡

N'en restons pas là...

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